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Il y a 1100 ans, saint Gérard fondait
l’abbaye de Brogne

Fondée par saint Gérard, l’abbaye de Brogne fête cette année son 1100e anniversaire. Une riche
leçon d’histoire.

Il y a 1100 ans, la route qui longe l’actuelle abbaye n’aurait pas pu être tracée telle quelle. Elle serait entrée en collision avec un impressionnant bourg abbatial comprenant un cloître, un cellier, un cimetière, des étables et des écuries ainsi qu’une grande et majestueuse église.

Le temps a fini par avoir raison du bourg.

En 1841, la route est passée sur les ruines de la grande abbatiale. Ses usagers qui ont peine à imaginer que, à l’époque de Gérard, ils auraient éventré celle-ci, ne doivent absolument pas manquer l’exposition dédiée à cet anniversaire exceptionnel à l’église Saint-Pierre.

«Les fouilleurs ont permis de combler des lacunes, de confirmer ou d’invalider des hypothèses. Ils nous ont notamment permis d’affirmer, grâce à l’examen des enduits et maçonneries, que l’absidiole retrouvée sous l’ancienne sacristie de l’église, en 2007, date du Xe siècle et qu’elle est donc contemporaine de Gérard» souligne Jean-Claude Genard. Gérard aurait donc donné une impulsion en personne à la construction de cette église secondaire.

C’est dans cette église que Gérard, fondateur du monastère, déposera les reliques de saint Eugène , dans l’attente de la fin des travaux de l’abbatiale.

Les nombreux panneaux et dessins à découvrir, réalisés par les archéologues de l’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP), reconstituent avec précision l’évolution du complexe abbatial. Ils donnent une juste idée de son gigantisme, plus aucune ruine actuelle ne pouvant physiquement en attester.

La pose de la première pierre de l’abbaye remonte, elle, à 919. Beaucoup plus petite que l’actuelle, elle sera rapidement bâtie pour être consacrée en 923. L’exposition montre aussi pourquoi l’abbaye mérite le titre d’impériale et insiste sur son rôle prépondérant dans le contexte politique du Xe siècle.

Elle raconte enfin son occupation à la suite de Gérard. D’abord les Bénédictins, pendant 877 ans, qui en seront dépossédés en 1796 par la République française, puis les Visitandines, jusqu’en 1919, et enfin les Assomptionnistes, dernier ordre religieux à l’avoir occupée jusqu’en 1967.

L’abbaye deviendra un centre de rencontre en 1967. Elle sera vendue en 1974 à la commune de Saint-Gérard.

Depuis, ce colossal bâtiment tente de se forger un destin touristique, non sans mal.